[Le Manoir de Crawford Street] Confrontation

[Le come-back! MDR! Elle commençait vraiment à me manquer! ]

La buée flottait comme un nuage moite, enveloppant la pièce de son manteau humide et pourtant si délicieux. L'eau qui ruisselait sur son corps était presque brûlante, pourtant Eve ne le craignait pas, c'était bien ce qu'il fallait à son corps mort pour éprouver un semblant de vie.

Une douche comme lieu de méditation?! Plutôt insolite... Eve, cependant, se laissait aller au vagabondage de l'esprit et des pensées. Qu'est ce qu'elle était venu faire ici finalement? (Bien sur, elle entendait Sunnydale et non pas "sa douche"!)
Courir après ses vieux démons? Elle finissait par croire qu'elle ne les rattraperait jamais... Et quand bien même les rattraperait-elle, elle les laisserait filer entre ses doigts. Plus d'un mois qu'elle avait atteri dans ce ville d'Enfer avec rien d'autre que sa soif de vengeance, et pourtant celle-ci ne la menait nulle part. Incapable d'esquisser un geste quand il s'agissait d'aller jusqu'au bout de son combat, elle n'avait su que s'enfermer dans son obsession et détourner d'elle la seule personne qu'elle aurait pu effectivement sauver des griffes d'Angel et finalement, se sauver elle-même. Cette impotence vicieuse la mettait hors d'elle:

*Rembarque ce qu'il reste de toi, vieille carne!*

Oui, la vampire l'avait décidé, cette nuit avant l'aube, elle tournerait le dos à Sunnydale, à son Sire, à ce pour quoi elle était venu. Rien ne la retenait ici sinon le fil de la haine auquel elle trouvait un goût amer et qui pourtant la nourissait autant que le sang. Elle abandonnait tout: qu'Angelus continue à répandre sa saloperie sur le monde entier, elle n'en avait plus rien à secouer! Il y aurait bien quelqu'un, un jour, qui le reduirait à néant, et ça ne serait pas elle...

Eve tourna alors le robinet pour le fermer. Emporté par sa force ou par sa colère, la manette se bloqua bien un instant sur l'arrêt mais continua son mouvement et se démit entièrement de l'assemblage. L'eau gicla dans tous les sens. La jeune femme, la vis restée dans la main, poussa des jurons qu'il ne conviendrait sans doute pas de rapporter ici, et se sortit de la cabine comme un chat mouillé. Courant sur le sol humide, elle se précipita vers la vanne d'arrivée d'eau et la coupa. La fuite s'arrêta, le plafond d'en dessous était sauvé!


Quelques minutes plus tard, enroulée dans une longue serviette, épongeant ses cheveux dans une autre, Eve traversa le couloir pour rejoindre sa "chambre" (un bien grand mot pour cette bicoque!) et surtout ses habits sec, mais soudain ses sens la clouèrent sur place...


[Quand tu veux Lau, j'espère que l'entrée en matière te convient, je t'épargne le masque capillaire ou aux concombres! loool! ]

[Ca me convient parfaitement ! Désolée d'avoir mis si longtemps pour répondre...]

Il marchait... Il aurait préféré croire que c'était sans but aucun, mais ça n'était pas le cas. Il la cherchait... Cordélia. Il ne l'avait plus vue depuis une semaine maintenant et il commençait à s'inquiéter. Il avait besoin de lui parler, de savoir s'ils allaient quelque part tous les deux ou si plus rien n'avait de sens.
Sunnydale avait toujours eu le pouvoir de tout compliquer et de tout détruire. A moins que ce soit lui qui soit à l'origine de tous les malheurs qui accablaient les autres, Faith, Cordy, Buffy... et lui accessoirement.

Il avait donc l'air plus ombrageux que d'habitude. Certes, le coeur qu'il n'avait pas (ou c'était tout comme, du moins, physiquement), c'était une chose. Mais il y avait également cette concentration soudaine de personnes nouvellement arrivées en ville. Ca ne présageait jamais rien de bon... Sur la bouche de l'Enfer, qu'est ce qui aurait pu être positif de toute façon.
Pourquoi était-il revenu ici ? Ah oui... Pour elle... Il y avait trop de "elles" dans sa tête en ce moment.
En parlant de femme, une autre lui causait bien du soucis. Et dans un genre tout à fait différent. Eve. Viendrait le jour où il allait la rencontrer... Et ça n'allait donner rien de bon encore une fois.

Alors pourquoi marchait il, plus ombrageux que d'habitude, son long manteau noir claquant dans les bourasques du vent automnal vers cette maison de malheur où il était quasi certain de la trouver sur son chemin ? Ah oui... Pour Cordélia.
Les femmes étaient vraiment une calamité tiens !

Il souleva le grand drap opaque qui était censé servir de porte et entra dans la pièce principale. Tout bien considéré, ça n'était pas vraiment une bonne "entrée" (c'était le cas de la dire !) en matière ! Certes, c'était rare qu'il s'embarrasse de tels détails. Alors...
Il huma un instant l'air environnant et il réalisa avec effroi qu'il ne pouvait distinguer que celle qui ne jurait que par sa mort. Aucune trace de Cordélia...

Aucune trace... Ce n'était pas exact. Il y avait encore son odeur, sur un des fauteuils. C'était assez récent. Il y avait l'odeur d'Eve bien entendu et une autre qu'il n'arrivait pas à identifier.
Cordélia était donc revenue. Et si ça avait mal tourné entre les deux femmes ? La dernière fois, Cordy était partie sur le point de toute révéler à Eve et de la faire changer d'opinion à son sujet... Et si ça n'avait pas eu l'effet escompté ?

Pourtant, la Vampire était dotée d'une âme... Elle n'oserait pas faire du mal à un humain quand même... Rien n'était moins sûr après tout !
Ses interrogations furent rapidement interrompue. Au loin, il distinguait des pas...

[Lol! Je te bats Lau pr le tps de réponse! ]

Sans attendre une seule seconde, le voyant lumineux associé à l'image d'Angel dans la tête de la jeune femme s'affola. Mayde! Mayde!!!

Eve se soutint contre le mur et réfléchir une seconde. Bon sang mais ça empestait le brun ténébreux ici! Qu'est ce qu'il lui fallait faire à présent? La bonne question à se poser à cet instant précis alors que cela faisait des siècles qu'elle ne jurait plus que par sa mort!

Elle ne pouvait ni se cacher _stupide quand votre adversaire possède les mêmes armes_ ni fuir même si tout son corps la poussait vers cette issue, son esprit et sa fierté _toute relative quand il s'agissait d'être face à son Sire_ arrivaient encore à la retenir.
Restait l'option "descendre les escaliers et saluer son invité"... Bien qu'elle tremblait tout entière comme une feuille, Eve y vit la seule solution qui fut acceptable.

Elle avait oubliée avant de venir de prendre des cours d'auto-suggestion du genre "Je n'ais pa peur d'Angel, je n'ais pas peur d'Angel, je n'ais pas peur d'Angel..." L'échec de la version "Je hais Angel et je vais le tuer" n'était guère encourageant...
Le simple pensée du mot "échec" réveilla la rage sous la peur. Ah ça non! Elle l'avait sous la main, elle n'allait pas le laisser filer! Pas encore! Et elle allait lui faire un accueil de choix!

Sur la balustrade de l'étage qui surplombait la salle principale, Eve se tenait dans sa tenue pour le moins pittoresque de serviette éponge vert-amande (dommage que l'on ait pas eu droit au bigoudis et à la charlotte! ), les mains dans le dos, le visage impassible. Ni haine, ni colère, ni effroi, juste...rien.
Elle contemplait en bas l'objet de toutes ses obsessions, tournant et virant à la recherche de Dieu seul savait quoi. Elle savait qu'elle avait été flairée, pas de surprise. Elle dit seulement:

-C'est gentil de venir me voir, Papa...

La voix n'avait pas changé... L'apparence non plus, bien entendu. Elle le regardait de son perchoir et il n'arrivait à distinguer aucune émotion dans ses grands yeux bruns. Pourtant, lui en était submergé. Un remord immense d'abord car sa présence lui rappelait tout à coup le mal qu'il avait fait en la transformant. Si on prenait l'histoire d'Eve à part, ce n'était pas grand chose aux vues du palmarès d'Angel qui plongeait de manière abyssale dans l'horreur la plus complète. Mais Eve avait une âme à présent, il pouvait la sentir.
Ensuite, vint l'anxiété de la conversation voire de l'affrontement qui allaient bientôt suivre. Enfin, arriva à pas feutrés, la colère contre ses propres actes et contre ceux de celle qui venait de l'appeler Papa avec détachement.

Ce chamboulement intérieur ne s'était opéré qu'en quelques secondes. Angel joua, quant à lui, la carte de la dérision. Histoire de tester ses premières résistances... Un jeu un peu dangereux, certes :

- Si mes souvenirs sont bons, ta couleur favorite n'a pas toujours été le vert pâle...

S'il avait su qu'il la trouverait dans une telle tenue ! Au moins, au combat, elle serait assez désavantagée. Il la regarda de bas en haut afin de lui signifier qu'il avait remarqué l'accoutrement grotesque.

Bien, maintenant qu'il avait fait mumuse, il fallait qu'il en vienne rapidement à l'objet de sa visite. Il était en terres ennemies, et il ne voulait pas s'éterniser. Plus froidement, il demanda :

- Où est Cordélia ?

Ce visage tant haï n'avait pas changé. Ame ou pas, c'était toujours les mêmes yeux insondables, la même bouche affichant la même moue déconcertante et ces traits... Ces traits à la fois durs et angéliques... Angel... Angelus... Les mêmes, rien n'avait changé.

Citation :

- Si mes souvenirs sont bons, ta couleur favorite n'a pas toujours été le vert pâle...

Eve s'avança doucement vers le commencement des marches qui descendaient. Hésitait-elle?! Evidemment! Cette distance était bien toute nécessaire entre elle et son Sire, elle ne se sentait pas de franchir un pas de plus. La vampire se ressembla toute entière, bien que décontenancée par le ton badin que son "visiteur" venait d'emprunter. Lui-aussi sembla reprendre ses esprits et un instant un voile passa sur son visage.

Citation :

- Où est Cordélia ?

*Ah nous y voilà!*

Au moins il ne tournait pas autour du pot, on pouvait lui accorder ce mérite! La proie s'était échappée du piège?! Les lèvres d'Eve s'étirèrent en un petit sourire narquois.

-Cordélia qui? _puis elle fit mine de se reprendre_ Oh oui bien sur! Mais si j'avais su que tu la cherchais, je lui aurais dit d'attendre! Elle est passée par ici, peut etre bien qu'elle repassera par là...

Eve serait sur le sort de Cordélia, muette comme une tombe. D'ailleurs involontairement, le vampire venait de lui donner une indication précieuse qui pourrait donner un certain avantage à la tueuse: il n'avait pas eu l'occasion de revoir Cordélia depuis qu'Eve, elle-même, ne l'avait plus vu. Voilà qui était un bon point. Il n'avait sans doute pas eu la chance de la pervertir plus qu'il ne l'avait déjà fait jusque là. A elle d'être plus rapide pour convaincre Cordélia de l'inconcevable pour la jeune femme amoureuse. Jouer la carte des sentiments pour s'attirer une nouvelle brebis! C'est purement répugnant!

[Je suis fan de ton nouvel avatar ! Beaucoup plus... agress' ! ]

Elle descendit, mais pas complètement. Comme si elle préférait maintenir une certaine distance de sécurité entre eux. Avait-elle réellement peur de lui ? Bien entendu quelle question ! Il était d'abord tout ce qu'elle haissait en tant que tueuse : Un Vampire. Mais pire encore, il était celui qui l'avait faite, celui qui l'avait rendue cruelle. D'ailleurs, elle était presque une antithèse à elle toute seule. Deux moitiés ennemies réunies dans un seul être "humain" !
Elle ne pouvait que se détester, qui plus était depuis qu'elle avait recouvré son âme. Lui avait choisi le chemin de la Redemption, mais il sut lorsqu'elle lui répondit que sa motivation était toute autre. Elle n'avait tenu jusqu'alors que dans l'espoir de se venger. Une vengeance sourde mais, heureusement pour lui, encore hésitante.

Il était près à payer pour ce crime. Mais il devait savoir si Cordélia était sauve. Et Eve ne lui inspirait aucune confiance.

- Ecoutes Evangeline, on pourra régler nos comptes plus tard. Je veux simplement savoir si Cordélia va bien.

L'emploi de son véritable prénom n'était pas anodin. Il risquait certes de provoquer son courroux mais c'était également une manière de réduire cette distance qui semblait infranchissable. Son ton était plus doux, mais son visage restait de marbre. Il essayait de lui faire comprendre qu'il avait changé, tout en sachant bien qu'elle serait la plus difficile à convaincre.

- Je sais que tu penses que je suis toujours Angelus. Et tu n'as pas entièrement tort... Mais, même si tu ne me dis pas où elle est partie, je t'en prie, dis-moi juste qu'il ne lui est rien arrivé.

Si jamais elle avait osé la toucher ! Il en fremissait d'avance... Il demeurait anxieux. Il ne supporterait pas que la vie de Cordélia soit à nouveau menacée. Pas une fois encore...

-La ferme!

L'expression avait fusé comme un boulet de canon.

-Pas à moi le coup du grand coeur qui vole au secours de sa bien-aimée! Arrêtes... Tu espères peut être que je vais mordre à l'hameçon du repentir et du grand amour pour te voir traquer et manipuler Cordélia comme tu l'as toujours fait avec tes proies! Angelus... C'est toi qui m'appris à faire ça!

Grand jeu à l'époque... A celui qui en ramasserait le plus à la fois!
Eve avança un peu plus et n'était plus qu'à un pas de son Sire:

-Et tu ne prononces plus ce nom devant moi, Angelus. Elle est morte. Toi et Darla vous l'avez tué.

Evangéline. Le prénom avait bourdonné dans ses oreilles. Le prénom tabou. Elle n'était plus elle, elle ne le serait jamais plus. D'Evangéline, il ne restait plus que la poussière de ses os, dans le cimetière à l'entrée de Bordeaux. C'est comme cela que ça aurait dû être.
Il n'en avait fallut pas plus pour que toute sa réserve concernant le vampire et sa propre crainte s'envolent comme soufflées par le vent de la haine et de l'amertume.
La vampire ne tremblait plus, n'hésitait plus. Si l'adrénaline avait eu un véritable sens pour elle, on aurait pu dire qu'à cet instant précis elle crevait le plafond!

Eve commença d'un ton mauvais:

-Alors? Dis moi, quel est ton grand projet pour Cordélia? Laisse moi deviner... Comme avec cette Tueuse? La faire te délester de cette âme bien trop encombrante pour toi?!


[En effet, je le trouvais plus d'actualité! A fait, pas de chichis entre nous hein, si tu veux cogner, on cogne! MDR!]

[Mdr ! Tu m'étonnes qu'on cogne si besoin est ! Entre vieilles connaissances, on ne s'arrête pas à ce genre de détail tout de même ]

Il venait de déclencher les foudres d'Eve alors que ça n'avait pas vraiment été son but. Peut-être qu'inconsciemment voulait-il qu'elle dévoile complètement sa haine à son égard... Tout du moins avait-il gagné la fin des petits jeux malsains entre eux. A présent, la répugnance de l'ancienne tueuse était franche et massive !
Il ne servait à rien de larmoyer devant elle, de lui demander son pardon. C'était bien trop tard et d'ailleurs, cette idée ne lui avait même pas traversé l'esprit. Il ne méritait pas la clémence de la jeune femme qu'il avait fait le plus souffrir dans sa longue existence.

Il voyait dans ses yeux sa cruauté. Cependant quelque chose lui échappait. Pourquoi ne voyait-elle pas un changement en lui ? Avait-elle nourri une rancune si tenace qu'elle n'arrivait pas à entrevoir son âme ? D'un côté, qu'est ce que ça changeait pour elle ? Elle ne l'avait jamais connu avec une âme, comment aurait-elle pu s'apercevoir de quoique ce soit ? Comment aurait-elle pu se rendre compte de son bon côté alors que lorsqu'il était Angelus, il pouvait se faire passer pour aussi doux qu'un agneau sans que personne ne s'en doute !

Il commença par s'approcher du pied de l'escalier et essaya de contenir la colère qui grimpait encore quelques échelons :

- Alors quoi Eve ? Je suis le grand machiavélique et toi tu es la gentille protectrice des brebis égarées ??

Non, peine perdue, le ton monta tout seul, se teintant d'une once de raillerie :

- Mais dis-moi, à quand la canonisation ! J'aimerais être là pour voir ça. Tu n'es peut-être plus Evangeline mais tu n'es plus Eve non plus... Eve ne se souciait pas de grand monde avant...

Il la regarda droit les yeux en penchant légèrement la tête :

- Je ne crois pas que ce soit l'âme de Cordélia la plus encombrante à ton goût !

Angelus avançait et elle ne le voyait pas, elle ne voyait plus rien que ses deux yeux bruns qui fixaient les siens ostenciblement en attendant qu'ils ployent. Par le passé, il ne lui en fallait pas beaucoup plus pour mater un embryon de rebellion chez Eve: soutenir son regard comme on soutient celui d'un chien trop fou pour lui signifier qui est le maitre. Et en effet, la tueuse ressenti de nouveau cette emprise qui s'insinuait dans son esprit et commença à s'en convaincre: elle devait détourner le regard sinon... Sinon quoi? Non pas maintenant!
La haine de sa propre faiblesse était devenue au moins aussi forte que celle qu'elle vouait à son Sire. Elle serra le poing et le coup partit tout seul dans la machoire du vampire:

-De quoi je me mêle, ordure! Ta psychologie de comptoir tu te la gardes!

Eve fulminait, gardant ses poings crispés alors qu'elle apostrophait Angel:

-Avise toi, grand méchant loup, de toucher à d'autres "brebis égarée" et crois-moi bien que tu passeras tout le reste de ta misérable éternité à surveiller tes talons!

Elle éclata d'un rire faux:

-Une âme! Si ne fallait que ça pour arrêter Angelus-les grandes dents, ça se saurait! Quand il refera surface, je ne voudrais, pour rien au monde, manquer le spectacle! Et j'espère que Cordélia aura enfin ouvert les yeux d'ici là!

Il ne pouvait pas changer: un prédateur reste un prédateur pour toujours. Que la règle s'applique à elle ne l'effleurait pas à ce moment là, elle savait ce que c'était que de combattre la Nuit, elle ne faisait que reprendre sa place... Du moins, tentait-elle de s'en convaincre...

Ouch ! C'était une droite bien envoyée celle-là ! Angel ne prit même pas la peine de frotter son maxillaire endolori. Le seul problème, c'était que si elle continuait à le frapper, son côté vampirique ne tarderait pas à se dévoiler et sa maîtrise déjà vacillante s'envolerait comme un château de carte.
Il ne recula pas mais ne se prépara pas à riposter non plus. Tout ce qu'il faudrait, ça serait esquiver... Au début tout du moins si les coups se mettaient à pleuvoir. Et à bien considérer la mine d'Eve à ce moment là, ça n'allait pas tarder !

Il répliqua :

- Très bien ! Tu ne veux pas me dire où elle est... Elle reviendra à moi de toute manière.

Il avait évité de le dire sur un ton sarcastique, dévoilant de son mieux l'humain qui demeurait encore en lui... Partiellement...
Et puis, à présent, il était certain qu'Eve n'avait pas attenté à la vie de Cordélia. Elle était bien trop occupée à vouloir la protéger !

Son rire dérangeant lui fit plisser les yeux tandis qu'il répondait, cette fois-ci, sombre :

- Je pense que si Angelus reprend pied, il sera légitime, enfin, de protéger Cordélia... Et les autres.
Tu crois vraiment être la seule à te rendre compte de ce qu'il y a tout au fond de moi. Ou dirais-je, de nous !

Il avança encore plus près d'elle, leurs visages à quelques centimètres l'un de l'autre et murmura, lentement :

- Toi aussi, tu le combats... Chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde... Ce mal qui nous ronge n'attend qu'un faux pas pour refaire surface... Alors évite de monopoliser la souffrance.

Eve devait lever la tête à présent pour voir les yeux d'Angel. Comment savait-il pour son âme à elle?! Désormais pétrifiée, craignant peut-être la punition de son "père" pour son geste, elle se brisa sous son regard comme un miroir déjà félé. (ironique pr un vampire! )

Elle détourna la tête, vaincue. Le démon au fond d'elle dû se sentir appellé car elle le sentait qui rôdait dans son coeur comme un fauve en laisse. Elle n'en voulait pas de lui, qu'il s'en aille!

-Je ne suis pas comme toi... dit-elle d'une voix subitement cassée.

Oh non voilà qu'il grognait à présent dans son crâne, qu'il frappait contre les parois, qu'il la voulait toute entière pour lui, il la réclamait.
Comme pour le chasser elle hurla cette fois à Angel:

-Je ne suis pas comme toi!

Comme pour contredire ses propres paroles, à cet instant là, le démon surgit et marquait les traits d'Eve de son monstrueux faciès.
Les deux entités se livraient une lutte acharnée, le démon ne gagnerait pas mais le combat n'en demeurait pas moins rude et douloureux.

-Et tu ne pouvais pas simplement me tuer! C'était un trop beau cadeau n'est ce pas?!

La vampire prit à deux mains les pends de la veste d'Angel et le ramena plus près encore, menaçante:

-Je ne sais finalement pas bien si j'ai envie de te le faire moi ce cadeau! La mort est bien trop douce pour toi... Pourtant j'ai le pieu qui me démange tellement! Que faire dis-moi?!

La douleur d'Eve était si intense, qu'Angel, qui la captait au travers des yeux de la vampire, eut presque envie de reculer. Il ne le fit pas, bien entendu et alors qu'elle montrait son autre visage et qu'elle se mettait à hurler, il passa légèrement sa main sur la joue transformée de la jeune femme :

- Non tu n'es pas comme moi...

Murmura-t-il amèrement. Elle avait raison. Elle n'avait pas choisi d'être ainsi. Lui était quelqu'un de malhonnête, même avant de devenir Angelus.

- Je... Je ne sais pas Eve. Angelus m'est familier et étranger à la fois. Tout ce qui m'intéressait, c'était de me servir de toi comme une arme, d'essayer quelque chose de nouveau.

Lorsqu'elle saisit sa veste, il eut une soudaine envie de lui dire "mais vas-y tue moi !" Seulement, c'était bien trop facile, il avait appris à vivre, même si c'était difficile, avec ses actes. Il ajouta seulement :

- Si tu savais comme je me dégoûte. Et pourtant, j'essaye de me racheter. C'est la seule chose à faire. Tu l'as dis, la mort est bien trop douce.

"Essayer quelque chose de nouveau"... C'était aussi simple... Sa vie aurait pu se terminer comme celle de bon nombre de Tueuses avant elle, et encore bien après, mais non, son éternité infernale elle la devait à la lubie d'Angelus qui voulait tenter une expérience inédite... Elle aurait voulu lui cracher que quand on veut essayer quelque chose de nouveau, on commence par essayer le grand huit après avoir mangé une choucroute... ça c'était quelque chose de nouveau!

Mais le démon qui s'était manifesté dans sa chair faisait qu'elle ne pouvait plus faire un geste sans craindre de le voir prendre l'ascendant total sur sa gouverne. Ressurgence d'une situation bien connue par le passé où le malin prend empire et où il est si bon de le laisser faire, seulement elle ne pouvait le pemettre. Sa vraie nature devait prendre le pas. Oui mais quelle de ces deux volontés étaient vraiment la sienne?
Le démon fulminait d'être ainsi bridé par ce corps étranger, cette âme répugnante, et ne demandait qu'à être libéré pour abréger tous ces remords, ces souffrances. Mais le fond d'humanité qui restait en Eve luttait pour ne plus être esclave.

Ce geste tendre à son égard et pour le coup, presque véritablement paternel, l'avait fait tressaillir comme s'il s'agissait d'une faible décharge, et voilà que maintenant Angel résumait en une phrase ce qu'il était, ce qu'Eve était. Elle croyait que son Sire se reformerait devant ses yeux et pourtant il n'en était rien: il avait son visage, il avait sa voix, mais en rien sa perfidie à cet instant-là. Eve frémit. Etait-il possible que ces deux-là arrive à se comprendre finalement? Lui et elle n'étaient pas semblables et pourtant pas si différents, mais cela Eve n'était pas prête à l'imprimer encore.

Elle le lâcha en grognant et recula d'un pas:

-Vas-t-en.

Son ton n'était ni vindicatif, ni agressif. Tout ce qu'elle voulait c'était la paix.

Un regard... Fugace, éléctrique, mais bien réel. Ce bref échange, mieux que des mots, avait fait miroiter un semblant de compréhension entre les deux êtres.
Les mots ne pouvaient pas tout dénouer entre eux. Pas maintenant, pas en une seule fois. Car un seul écart, et les deux bêtes pourraient se déchaîner férocement l'une sur l'autre... Les paroles deviendraient blessantes, comme au début, et le tout dégénèrerait en bagarre rangée ou plutôt, pas rangée du tout !

Si bien que lorsqu'elle se recula, Angel comprit que l'entretien était arrivé à son terme. Elle ne s'éloignait pas de dégoût, curieusement, mais de lassitude. La discussion avait été éprouvante pour eux deux. Le Vampire savait qu'il aurait été plus libérateur de frapper en tous sens plutôt que de se maîtriser ainsi.

Oui, ils étaient bel et bien semblables. Et si ça n'effrayait pas le Sire, ça semblait mettre très mal à l'aise sa "création". Il se détacha lui aussi, brisant tout à fait cet état particulier, et regarda ailleurs, légèrement honteux.

- Je... oui... Je vais... partir.

Il se râcla la gorge et commença à reculer vers la sortie. Au moment de passer à l'extérieur (heureusement, il faisait encore nuit !) il ajouta :

- Si jamais tu veux parler... Je serais toujours disponible...

Le "pour toi" s'évanouit en même temps que les pas du grands bruns sur l'herbe humide...

Imaginer Angel comme une épaule sur laquelle s'épancher, c'était encore bien loin de ce qu'Eve pouvait entre-appercevoir à ce moment là. S'il fallait s'exprimer en termes concrets, pour une fois depuis sa longue existence, elle regarda le vampire tourner le dos sans avoir une furieuse envie de le planter..._ ce qui, somme toute n'est pas si mal! _ Elle entendait ses paroles mais ne les comprenait pas, comme s'il avait parlé dans une autre langue, quelque chose l'en empêchait, un mur si haut se dressait entre eux deux...

Les pans de l'entrée s'écartèrent et Angel disparut, Eve était demeurée immobile, anesthésiée, incapable de dire un mot ou de bouger une canine. Puis, en un clignement d'oeil, elle sembla sortir de sa torpeur et son visage reprit forme humaine. Devant le hall vide et sombre, la possibilité que cette entrevue n'ait jamais eu lieu lui traversa l'esprit. Seulement, son Sire, le point de mire de toutes ses haines et de toute sa rencoeur s'était tenu juste devant ses yeux et... elle avait survécu... Aussi stupide que cela puisse paraitre, si Eve avait eu des larmes dans son corps mort, elle aurait sans doute explosé en sanglots. Des larmes de quoi? Il y a des choses qui ne s'expliquent pas...

Une main tenant la rampe, elle se laissa glisser sur une marche de l'escalier et y resta, fixant le sol, sans doute jusqu'au petit jour. Dans son dos, sous ses cheveux humides, elle la sentait qui la brûlait. Sa marque, gravée dans sa chair. Une croix renversée.

[Fin pour nous! lol!]

[Oui c'est fini... Snif... Merci beaucoup pour ce topic Evy, c'était génial !]